Saviez-vous que l’ardoise de Fumay et Haybes ne se contente pas de couvrir les toits des maisons ? Elle a façonné l’histoire, l’économie et le paysage de notre région pendant des siècles. Découvrez l’histoire fascinante de cette roche ancestrale qui a laissé une empreinte indélébile dans le Val d’Ardenne.

Fumay, Cité de l’Ardoise : l’Histoire d’une Ville Marquée par l’Exploitation du Schiste

Fumay, cette ville médiévale où l’ardoise est omniprésente, partout où vous irez, vous y trouverez de l’ardoise, alors elle fut nommée “cité de l’ardoise”. À Fumay, l’exploitation ardoisière était praticable seulement par des galeries placées au milieu des eaux et où l’éclairage se faisait à la chandelle dans des conditions traditionnelles et anciennes. Les premières traces écrites au sujet de l’exploitation de l’ardoise remontent au XIIème siècle, elles proviendraient des communautés religieuses qui avaient demandé à l’abbé de Prüm l’accord d’extraire le schiste ardoisier pour en faire des bâtiments. C’est pour cela, que de nombreux endroits de la ville sont recouverts de schiste ardoisier. Cette exploitation débuta dès cette époque avec des moines venus de Signy-l’Abbaye.

Au XVème siècle, l’influence des communautés religieuses diminua, laissant place aux négociants venus de villes telles que Dinant, Namur et Liège. Ceci permet à la ville de connaître une prospérité notable aux XIXème et XXème siècles, grâce à son sous-sol schisteux, caractéristique du massif ardennais, l’un des plus anciens de France, avec l’Armorique.

Au XVIIIème siècle, l’exploitation des ardoisières a commencé à décliner, surtout après la fermeture des petites carrières. Seules trois carrières majeures demeurent actives : Sainte-Anne, Saint-Joseph et Les Trépassés, jusqu’à leur fermeture dans les années 1790. L’ardoisière Sainte-Anne fut la plus vaste du bassin de Fumay, produisant, au milieu du XIXème siècle, jusqu’à 45 millions d’ardoises par an.

Pendant la Première Guerre mondiale, toute l’activité s’arrête. La reconstruction après le conflit masque pendant quelque temps la baisse continue de la demande en ardoise, une tendance qui réapparaît dès 1924. L’industrie de l’ardoise a connu un déclin progressif après les années 1930, avec une légère reprise après 1945, suivie d’une chute continue jusqu’à la concentration des sites dans les années 1960, repoussant l’inévitable arrêt de l’extraction, qui a finalement lieu en 1971.

De nos jours, plusieurs sites et monuments nous rappellent l’importance de l’ardoise à Fumay. Voici ceux que vous pourrez voir et visiter lors de votre visite en Val d’Ardenne.

  • La place des Rochettes : En plein centre de la ville, ne manquez pas l’entrée d’une ardoisière, un banc en ardoise, ainsi que des escaliers et des marches taillées dans le schiste. Actuellement, l’entrée d’ardoisière est fermée par une grille car les galeries sont noyées. 
  • L’Église Saint-Georges : L’église datant du XIXème siècle, plus précisément de 1876, domine la ville de Fumay. Du fait de sa grandeur, l’édifice semble dominer la ville en contrebas.
  • La chapelle Saint-Roch : Cette chapelle se trouvant à l’extrémité de la place du Baty, fut construite pendant le XVIIème siècle et possède sa propre histoire. En outre, il existe d’autres représentations de Chapelle en l’honneur de Saint-Roch dans de nombreuses autres villes et villages du territoire du Val d’Ardenne.
  • Le musée de l’ardoise Michel Paradon : Découvrez le métier d’ardoisier… Cet ancien couvent des Carmélites à était réhabilité en musée afin de vous faire découvrir le quotidien des ardoisiers. Plongez sous terre grâce à un ascenceur afin de vivre la journée d’un ardoisier avec une reconstitution des scènes : une cuisine, le travail du fond et de la surface et découvrez à l’étage l’histoire de la ville et des ardoisiers
  • Le parc TerrAltitude : Ce parc a été créé sur le site d’une ancienne ardoisière, celle de Saint-Joseph. Il propose une large gamme d’activités comme du paintball, de l’accrobranche…  
  • La fresque des scailleteux :

Petite anecdote : Les ardoisiers, surnommés les “scailleteux”, utilisaient un outil appelé “scaille”, un couteau spécial conçu pour découper l’ardoise. C’était un métier exigeant, où l’art et la précision étaient essentiels.

Afin de leur rendre hommage, la ville de Fumay a demandé à l’artiste G. A Favaudon de faire une fresque en ardoise et en béton. Celle-ci se situe dans le centre de Fumay, rue Jean Jaurès.  

La ville de Fumay a gardé son apparence du XIXème siècle, les maisons typiques de Fumay nous évoquent le passé ardoisier à chaque coin de rue. 

Après avoir exploré l’ardoise à Fumay, il est intéressant de se diriger vers Haybes, où l’industrie de l’ardoise a également marqué son histoire et son architecture. 

Haybes : Un Héritage Industriel Marqué par Plusieurs Siècles d’Exploitation

L’ardoise à Haybes s’étend sur plusieurs siècles, son héritage a profondément marqué la ville ainsi que son économie. Au XVIème siècle, l’extraction d’ardoise commence en faisant de Haybes un des plus importants centres de production d’ardoise dans les Ardennes. Il y avait près de cinquantes sites d’extraction à ce moment-là. Certaines sont devenues célèbres, notamment les ardoisières de Fond d’Oury, Belle Rose, l’Espérance, Saint Antoine, Charnoy et Follemprise.

La production d’ardoises a atteint le chiffre impressionnant de 28 millions d’unités, en 1894. L’industrie et particulièrement l’ardoise est un moteur économique majeur pour la région. Une grande partie de la production est exportée, en 1913, 45 % des ardoises étaient destinées au marché français, 20 % à la Belgique, et le reste à d’autres pays européens.

L’ardoisière de l’Espérance fait partie des sites les plus emblématiques de l’époque. Sous le nom de “l’ancienne Espérance”, elle est fondée en 1839 et devient “Nouvelle Espérance” en 1870, elle employait jusqu’à 400 ouvriers lors de son expansion. Cependant, comme dans de nombreuses régions ardoisières, la crise économique de 1929 marque un coup d’arrêt pour les ardoisières locales. Peu à peu les ardoisières de Haybes cessent leur exploitation entre 1932 et 1953, en particulier l’ardoisière Nouvelle Espérance et celle de Belle Rose. Ainsi s’achève une longue ère industrielle qui a modelé Haybes pendant plusieurs siècles.

Aujourd’hui, ce passé industriel est encore visible à travers divers éléments du patrimoine de la commune :

  • L’Église Saint-Pierre-Saint-Paul : cette église a été reconstruite après la Première Guerre mondiale, seulement son clocher est coiffé d’ardoise. Le reste de l’église a été reconstruit avec d’autres types de pierres, comme la pierre bleue de Givet et la pierre de Lérouville.
  • Le quartier de l’Espérance : Rue de l’Espérance se trouve des vestiges de l’ancienne ardoisière “La Nouvelle Espérance”, ardoisière la plus importante de la commune. Elle possédait une galerie de 820 mètres avec des ouvrages de chaque côté. Des bâtiments sont encore visibles, comme la salle des fêtes, un cinéma, une infirmerie et la chapelle Saint-Pierre.
  • Lors de votre visite à Haybes, regardez partout autour de vous car les toits, les façades, les dallages et les démarcations de terrains, tous ont été faits avec de l’ardoise.

Pour finir, Haybes est souvent surnommée “Haybes la Rose” ou “Haybes la Jolie” car l’ardoise extraite des ardoisières et qu’on trouve encore dans les toits d’ardoise typiques avait la particularité d’être légèrement roses. Elles étaient principalement issues de l’ardoisière de Belle Rose.

Si vous voulez observer l’évolution des ardoisières et découvrir tout le patrimoine ardoisier actuel, voici deux randonnées que vous pouvez réaliser lors de votre séjour chez nous :

Sinon, si vous n’êtes pas adepte de la marche, Fumay et Haybes se trouvent à seulement 5 minutes en voiture l’une de l’autre.

L’exploitation de l’ardoise a façonné les vies des habitants de Fumay et Haybes pendant des générations. De nos jours, la préservation du patrimoine ardoisier est une priorité pour la région. Le Val d’Ardenne œuvre ainsi pour transmettre aux générations futures l’histoire de cette ressource précieuse, par exemple grâce au musée de l’ardoise les visiteurs peuvent découvrir de manière interactive le quotidien d’un ardoisier.

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