Bonjour, aujourd’hui je vous propose l’article “Sur les pas de Vauban”, afin de vous faire connaître les fortifications et les aménagements militaires conçus par ce célèbre ingénieur dans les Ardennes, et plus précisément dans la pointe des Ardennes à Givet

I. Qui est Vauban ?

Vauban de son vrai nom, Sébastien Le Prestre de Vauban est le 1er mai 1633 à Saint-Léger-de-Foucheret. Il est un célèbre ingénieur et architecte militaire français. Il a dédié sa vie à protéger et réformer le Royaume de France. L’efficacité de ses fortifications a fait de lui un véritable bras droit de Louis XIV. Il fut nommé maréchal de France par le Roi en 1703.
Il a conçu plus de 150 citadelles, forts, villes, ports militaires et commerciaux et des installations civiles sous le règne de Louis XIV.   
Pour défendre le royaume et le rendre invincible face aux autres puissances européennes, il voulait faire de la France un “pré carré”.   
Il meurt le 30 mars 1707 à Paris.

"Le pré carré est une métaphore utilisée par Vauban pour résumer la politique qu’il conseillait à Louis XIV et à ses ministres pour mieux défendre le territoire français, consistant à rationaliser le système défensif en abandonnant les places-fortes isolées et en en acquérant d'autres ayant un intérêt stratégique."

Mais comment Vauban a-t-il concrètement mis en œuvre sa stratégie de défense du territoire français à Givet ?

II. L’héritage et le patrimoine de Vauban à Givet. 

Givet se situe à la frontière franco-belge, au confluent de la Meuse et de la Houille, contrôlant ainsi le trafic fluvial et terrestre entre les Pays-Bas et la France.

a) L’héritage fortifié de Vauban.

Après la conquête française de Givet en 1680, Vauban fut chargé par Louis XIV d’inspecter et d’améliorer les fortifications existantes. En 1698, il proposa un grand projet pour compléter et améliorer la place, incluant l’unification des deux bourgs de Givet en une ville entièrement fortifiée, la construction d’un camp retranché sur le Mont d’Haurs, et l’enveloppement des extrémités de Charlemont

Le fort ou Charlemont : 
Le Fort Charlemont, ou citadelle de Charlemont, a été érigé par Charles-Quint en 1554. Il possède plus de dix kilomètres de remparts et a une superficie de 60 hectares. A la fin du XVIIème siècle, même si Givet est préservé naturellement grâce à ses forêts et ses falaises, il a été nécessaire de renforcer ces défenses. Vauban améliore et complète une première fois les défenses du fort à partir de 1678 avec une tour de guet et le fort Condé. Il construit aussi au pied du fort une caserne de 400 mètres de long et un hôpital militaire. Le fort Charlemont sera agrandi une deuxième fois en 1697. 

Le camp retranché du Mont d’Haurs : 
Vauban a dessiné en 1697 un vaste camp retranché sur le plateau du Mont d’Haurs pour protéger les hauteurs dominant la rive droite de Givet. Ce camp, conçu pour accueillir 20 000 hommes et 3 000 chevaux, comprenait un front principal protégé par trois bastions renforcés de demi-lunes. Seulement des remparts doublés des redoutes sont installés par Vauban. La construction du camp retranché à commencé en 1699, mais il reste inachevé. Le site sera alors abandonné en 1706.

Bien que certains de ces projets soient restés inachevés, ils témoignent de l’ampleur de l’intervention de Vauban dans le territoire Val d’Ardenne, allant au-delà des seules fortifications pour inclure des aménagements urbains et militaires d’envergure. La protection des autres fronts est assurée par les falaises à pic

Le fort Condé (remplaçant la tour Maugis) : 
Le fort Condé a été construit autour d’un rocher qui était à l’origine surmonté d’une tour de guet : la tour Maugis, elle a aussi été appelée la tour Villahermosa. Cette tour est détruite par Vauban après le rattachement de Givet à la France en 1678 qui était sous la possession des espagnoles. Vauban fit réaliser la redoute centrale taillée dans le roc, elle fut englobée dans un ouvrage plus vaste de 1725 à 1732. 

Il se trouve à environ 500 mètres de la Citadelle de Charlemont, il avait la lourde tâche d’assurer la défense de la citadelle, côté est et d’assurer la défense du fort de Rome, côté ouest.

Aujourd’hui le fort Condé est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

La combinaison du fort Charlemont, du camp retranché du Mont d’Haurs et du fort Condé offrait une défense en profondeur, contrôlant les deux rives de la Meuse et les hauteurs environnantes. 

L’église Saint-Hilaire sur la rive gauche : 
L’église Saint-Hilaire a été détruite par le Maréchal de Créquy en 1675. Elle fut reconstruite sous la direction de Vauban entre 1682 et 1702.

Il est possible que vous ne connaissiez pas le passage dans “Lettre V : Givet” issu de Voyage Tome I de Victor Hugo datant de 1838, dans lequel il se moque du clocher de l’église Saint-Hilaire :

« Le brave architecte a pris un bonnet carré de prêtre ou d’avocat. Sur ce bonnet carré, il a échafaudé un saladier renversé; sur le fond de ce saladier devenu plate-forme, il a posé un sucrier, sur le sucrier, une bouteille, sur la bouteille, un soleil emmanché dans le goulot par le rayon inférieur vertical; et enfin, sur le soleil, un coq embroché dans le rayon vertical supérieur. En supposant qu’il ait mis un jour à trouver chacune de ces idées, il se sera reposé le septième jour. 

Cet artiste devait être flamand »

Le quartier et l’église Notre-Dame sur la rive droite : 
L’église Notre- Dame : 
Sur la rive droite de Givet, l’église Notre-Dame se trouve dans le quartier de Notre-Dame.

Fortement endommagée après le bombardement de 1675 par les troupes du Maréchal de Créquy, elle fut alors reconstruite en 1686. De ce fait, le clocher domine dorénavant le Maître Autel, cas assez exceptionnel. L’église existait déjà avant l’arrivée de Vauban, il l’a intégrée dans son plan global de fortifications et d’urbanisme, qui visait à réunir les deux rives de la Meuse en une seule ville fortifiée.

Cette église abrite un tableau de “La crucifixion du Seigneur”, œuvre de Rubens ou Van Dyck.

De plus, l’église Notre-Dame est située place Vauban, soulignant l’importance de l’ingénieur militaire dans le développement de ce quartier..

Le quartier Notre-Dame : 
Vauban
a réalisé plusieurs aménagements dans le quartier Notre-Dame. notamment en l’enveloppant d’une nouvelle enceinte fortifiée et en l’agrandissant jusqu’au plateau du Mont d’Haurs. Et dans le cadre de son deuxième projet, le quartier Notre-Dame a été équipé de casernes et de nouvelles portes fortifiées.

La combinaison du fort Charlemont, du camp retranché du Mont d’Haurs et du Fort Condé offrait une défense en profondeur, contrôlant les deux rives de la Meuse et les hauteurs environnantes

b) Le patrimoine militaire de Givet.

  • Les Tours de la ville.

Il est important de préciser que sur le blason de la ville de Givet, on trouve les trois Tours de la ville : la Tour Victoire et la Tour Grégoire qui sont encore présentes à Givet et la Tour Maugis, rasée par Vauban qui bâti autour de cette tour le fort Condé.

La Tour Victoire : 
La Tour Victoire, située à Givet, est un ancien donjon cylindrique à trois niveaux datant des XIVe et XVe siècles. Sa partie basse est construite en briques et pierres bleues de Givet.

Initialement, cette tour faisait partie de la résidence seigneuriale occupant l’angle sud-ouest du Castrum de Givet Saint-Hilaire. Au fil du temps, elle a eu diverses fonctions : elle a été une tour de péage pour les barques descendant la rivière, une prison, et après la guerre, elle est devenue un musée.

L’origine de son nom actuel remonte à la période française. Auparavant connue sous les noms de “thour de Givet“, “grosse thour de Givet” ou “thourfort“, elle fut renommée “Tour Victoire” en l’honneur de Louis XIV et de ses armées, vainqueurs du siège de Namur en 1692.

Aujourd’hui, la Tour Victoire est un monument historique, mais son intérieur n’est ouvert au public que pendant les Journées du Patrimoine.

La Tour Grégoire : 
La Tour Grégoire est une ancienne tour de guet, elle aurait été érigée au XIe siècle. Initialement, elle était appelée “Tour Saint-Grégoire”, ceci par rapport à une chapelle qui se trouvait à proximité. Elle fait partie des fortifications de Givet, dont une grande partie est l’œuvre de Vauban. D’ailleurs, il a transformé la Tour Grégoire dans le cadre de ses travaux de fortification.

L’emplacement de la Tour permettait de contrôler ceux qui approchaient de Givet. Elle était donc une tour de guet destinée à surveiller le trafic fluvial, routier et commercial. De temps en temps, elle servait aussi de prison.

Même si l’intérieur ne soit pas ouvert au public, la tour offre un panorama exceptionnel sur la ville de Givet.

Il est important de noter que la tour Victoire et la tour Grégoire sont des bâtiments plus anciens que Vauban n’a pas construits. Il les a cependant intégrés dans son système défensif et a transformé la tour Grégoire.

  • Les portes de la ville.

Ville fortifiée sous Louis XIV, Givet s’ouvrait sur six portes, toutes équipées de pont-levis et près desquelles se trouvait un garde de corps, abritant un soldat chargé du guet. De nos jours, il n’en reste que trois : la Porte de France, la Porte de Rancennes et la Porte Charbonnière.

La porte de Rancennes : 
La porte de Rancennes se trouve à proximité du quai de Rancennes. Elle faisait partie de l’enceinte fortifiée du Mont d’Haurs, construite à la fin du XVIIe siècle. C’était un élément majeur du système défensif conçu par Vauban en 1697. Cette porte et ce camp étaient destinés à protéger les hauteurs dominant la rive droite de Givet.

La porte de France : 
La porte de France, conçue par Vauban, se situe sur la route 8051. Elle fait partie des fortifications de Givet inscrites aux monuments historiques en 1991. Cette porte, comme les autres, était équipée d’un pont-levis et d’un corps de garde abritant un soldat chargé du guet.

La porte Charbonnière : 
La Porte Charbonnière se situe au bout du quai Dervaux. Dans le cadre de ses projets de défense, Vauban a conçu une enceinte bastionnée qui incluait cette porte. Elle faisait partie de l’enceinte fortifiée de la ville. Cette porte servait à protéger l’accès à Givet.

III. Les fortifications et aménagements aujourd’hui. 

Aujourd’hui à Givet, on a toujours des traces et des monuments qui prouvent que Vauban est passé par ici. Cependant, il y en a qui ont disparus ou il n’en reste que des vestiges

Le déclassement de la place militaire de Givet à engendrer la suppression des remparts en 1891 et 1892, ne laissant que 3 portes sur les six originales.

Le fort Charlemont est encore bien conservé, aujourd’hui il est possible de le visiter et pleins d’activités y sont organisées et proposées aux visiteurs.

Les casernes qui se situaient au bas du fort ont disparu au XXème siècle. Et le fort Condé qui se trouve à 500 mètres de la citadelle est encore présent et il est accessible au public

Le tracé des rues du quartier Notre-Dame est encore visible

Pour finir, il reste le camp retranché du Mont d’Haurs, celui-ci est le dernier camp retranché conçu par Vauban qui n’a pas été détruit. Aujourd’hui, il a été intégré dans la Réserve naturelle nationale de la Pointe de Givet, alliant patrimoine historique et naturel

Qu’en pensez-vous ? Est-ce que tout ce récit sur Vauban vous donne envie de venir passer un séjour à Givet ?

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